Deux membres de notre équipe, Abderrahim et Joanna, ont récemment participé à la conférence COLOSS à Wageningen, aux Pays-Bas. Le COLOSS, pour ceux qui ne connaissent pas, est un réseau mondial de chercheurs travaillant sur les menaces qui pèsent sur la santé des abeilles. Cette année, un sujet a dominé les discussions : les acariens Tropilaelaps.
Si ce parasite est déjà bien connu aux États-Unis, de nombreux apiculteurs européens en ignorent encore l’existence ou sous-estiment son impact. Avec l’émergence de Tropilaelaps comme un défi majeur pour l’apiculture, il est temps de mieux connaître cette menace et de se préparer à y faire face. Voici ce que vous devez savoir.
Le parasite Tropilaelaps mercedesae a été détecté en Russie occidentale et en Georgie, signalant un risque croissant pour les apiculteurs européens. Ces acariens, qui coévoluaient à l’origine avec Apis dorsata dans des régions spécifiques, parasitent désormais Apis mellifera, s’étendant bien au-delà de leur aire d’origine. Cette évolution est particulièrement préoccupante pour l’Europe.
En 2021, des apiculteurs des régions de Krasnodar et Rostov, en Russie, ont remarqué des colonies affaiblies et des anomalies dans le couvain. Une analyse génétique a confirmé la présence de Tropilaelaps. Désormais si proche de l’Europe, ce parasite représente une menace de propagation rapide.
Dans les zones infestées, les Tropilaelaps ont provoqué des dégâts importants :
Les symptômes observés incluent des couvains épars, des cellules perforées, et des ouvrières mourantes présentant des proboscis allongés – des signes d’infestation avancée.
Les infestations suivent une dynamique saisonnière :
Ces fluctuations suggèrent que les acariens pourraient hiberner ou quitter temporairement les ruches, rendant leur détection et leur gestion encore plus complexes.
Bien que Tropilaelaps et Varroa soient tous deux des parasites des abeilles et vecteurs de virus, ils présentent des différences clés :
Les techniques classiques comme les lavages à l’alcool ou les tests au sucre ne fonctionnent pas pour Tropilaelaps. Pour les identifier, il est nécessaire :
Une méthode innovante, la dépilation du couvain, gagne en popularité. Cette technique consiste à retirer les opercules des cellules avec des bandes de cire, permettant aux Tropilaelaps de s’échapper pour être identifiés. Une démonstration est disponible ici : Dépilation du couvain pour détecter Tropilaelaps.
Pour contrôler Tropilaelaps, il est essentiel de briser leur cycle de reproduction, puisqu’ils se développent uniquement dans le couvain operculé. Encagez la reine ou retirez le couvain temporairement pour briser le cycle des Tropilaelaps et réduire leur population.
Certains traitements conçus pour pénétrer les cellules operculées montrent également des résultats prometteurs. Les outils et techniques existants pour gérer Varroa peuvent être adaptés pour Tropilaelaps, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour affiner nos pratiques.
La propagation de Tropilaelaps mercedesae en Europe constitue un défi de plus pour des apiculteurs déjà confrontés à de nombreuses menaces. Des mesures proactives sont indispensables pour freiner sa progression et protéger les populations d’abeilles.
La bonne nouvelle ? Les stratégies de gestion intégrée des parasites (IPM), développées pour Varroa, peuvent également aider à gérer Tropilaelaps. En combinant une surveillance régulière, une gestion du couvain adaptée et des traitements efficaces, il est possible de combattre les deux parasites simultanément.
Cependant, la clé reste l’éducation :
L’apparition de Tropilaelaps mercedesae en Europe est un signal d’alerte pour toute la communauté apicole. Mais en s’appuyant sur les outils et les connaissances développés contre Varroa, il est possible de contenir cette menace.
Votre premier réflexe ?
Identifiez Tropilaelaps, comprenez leur comportement et soyez prêts à agir. Une surveillance rigoureuse, une gestion intelligente du couvain et des traitements adaptés sont vos meilleurs alliés pour protéger vos colonies.
Ce défi ne sera pas simple, mais avec une approche proactive et des efforts collectifs, nous pouvons donner à nos abeilles toutes les chances de prospérer. L’histoire a prouvé que les apiculteurs savent relever les défis les plus difficiles. Ensemble, nous surmonterons celui-ci aussi.
Références:
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