On le sait, l’infestation Varroa varie grandement d’une ruche à l’autre, mais aussi d’une année à l’autre. Dans un même rucher, on peut trouver en fin de saison des ruches avec des infestations inférieures à 500 varroas, tandis que d’autres ruches peuvent tendre vers les 15 000 acariens. Quel enseignement en tirer ? Il faut adapter sa stratégie de lutte contre Varroa au cas par cas, et surtout l’anticiper dès le démarrage de la saison.
Il est tentant de prendre en charge son infestation de manière routinière (un seul traitement en fin de saison, appliqué à la même date), mais l’infestation Varroa est VARIABLE, et ce terme mérite vraiment d’être souligné. Elle varie non seulement d’une ruche à l’autre (même au sein d’un même rucher), mais également d’une année à l’autre.
Le graphique ci-dessus illustre bien la variabilité de l’infestation au sein d’un même rucher :
Ruche la moins infestée : 1 272 varroas
Ruche la plus infestée : 15 418 varroas (soit un rapport de 1 à 12 entre l’infestation mini et maxi).
Moyenne de l’infestation : 7 844 varroas
Selon Alexis Ballis, en moyenne 5 à 10 % des ruches d’un même rucher atteignent des infestations bien au-delà de la moyenne de ce rucher.
Voyons maintenant un exemple de variabilité de l’infestation entre plusieurs années :
Le graphique ci-dessus indique le niveau d’infestation Varroa selon les années des ruches d’un même rucher en Alsace.
En vert : moins de 3200 varroas en fin de saison,
En orange : 3200 à 4200 varroas en fin de saison,
En rouge : plus de 4200 varroas en fin de saison
Le seuil de 3200 à 4200 varroas a été décrit dans la bibliographie comme étant un niveau d’infestation en saison provoquant une perte économique pour l’apiculteur (moindre production et risque accru de mortalité).
En considérant le graphique ci-dessus, on se rend bien compte que l’infestation ne pouvait pas être gérée de la même manière en 2013 qu’en 2014, et qu’un calendrier fixe de traitement ne peut pas convenir à chaque année apicole.
Il est important d’anticiper les suivis tôt dans la saison pour savoir où vous vous situez, et éventuellement mettre en place des mesures d’urgence lorsque vos ruches dépassent les seuils. La mise en place de ces suivis vous permettrait ainsi d’éviter des infestations trop élevées en cours ou en fin de saison, qui diminueraient votre production de miel et mettraient en péril la survie de vos colonies durant l’hiver.
On oublie aussi bien souvent les facteurs environnementaux, les races d’abeilles sélectionnées… On tend vers des années avec de plus en plus de couvain, et donc des infestations de plus en plus difficiles à contenir.
Quand on parle d’infestation Varroa il faut donc penser au cas par cas, et effectuer une surveillance tout au long de l’année.
On conseillera d’anticiper le suivi dès le printemps, par un premier comptage en mars/avril. Idéalement il faudrait en pratiquer deux, mais un comptage vous donnera déjà une bonne tendance pour démarrer la saison. Le timing dépendra bien sûr de votre région et de la météo, le redémarrage des colonies ne se produisant pas à date fixe.
On considère qu’une infestation en début de saison supérieure ou égale à 1% de varroas phorétiques (soit 3 varroas dans un échantillon de 300 abeilles adultes) ou 1 varroa tous les 2 jours en chutes naturelles, sont déjà des seuils d’alerte. Ces ruches doivent être prises en charge afin d’éviter une explosion de l’infestation en cours de saison.
Cela vous permettra également de limiter l’impact sur vos abeilles et sur votre production de miel. Pour rappel, une étude réalisée sur une miellée de lavande dans le Sud de la France avait démontré qu’une infestation phorétique de 3 % (9 varroas dans un échantillon de 300 abeilles) en cours de saison diminuait la production de miel d’une ruche de 5 kg en moyenne, pouvant aller jusqu’à 13kg selon les ruches. L’impact de Varroa ne se limite donc pas à la santé des colonies, mais aussi à leur productivité.
D’autres comptages en cours de saison peuvent vous aider à mieux suivre vos ruches, surtout dans le cadre d’une infestation un peu « limite » en début de saison.
On conseillera à minima 4 périodes de suivi au cours de l’année :
Vous pourrez opter pour un traitement court avant la pose des hausses (molécule de votre choix) et/ou pour des techniques « mécaniques » (ou « zootechniques ») :
Peut-être qu’un traitement de début de saison vous retardera légèrement sur la saison apicole, mais il vaudra toujours mieux maintenir des colonies saines, plutôt que de les envoyer directement en miellée et de prendre le risque de les voir péricliter quelques mois plus tard.
Chaque rucher est différent (situation géographique, race d’abeille, météo locale, traitements réalisés auparavant, …). Votre calendrier de lutte contre Varroa doit donc être adapté chaque année, et vous êtes le mieux placé pour en décider, de par votre historique et votre expérience. En cas de doute n’hésitez pas à demander conseil à votre GDS(A), TSA, vétérinaire… bref, toute personne pouvant vous donner des conseils sur les seuils d’infestation locaux et méthode pour abaisser votre infestation.
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