Cet article est extrait de l’enquête Parole d’Apiculteur sur le Nourrissement de l’Abeille, réalisée auprès de 166 apiculteurs et en collaboration avec Antonio Gómez Pajuelo, expert en nutrition de l’abeille. Cette cette enquête a pour but de mesurer les connaissances techniques des apiculteurs, ainsi que leurs pratiques concernant le nourrissement des abeilles. Globalement, cette synthèse vous fournira des informations techniques et pointues afin de garantir un nourrissement optimal de vos colonies.
Entre sortie de l’hiver et première miellée
D’après Antonio Pajuelo, dans la majorité des cas, 4 litres de nourrissement en début de saison (1,5 litres / semaine) représentent le minimum nécessaire pour « aider » les colonies avant la première miellée de printemps. Environ 20 % des apiculteurs utilisent ces doses-là. Un nourrissement de plus de 8 litres ne peut se justifier que lorsqu’il y a production d’essaims/paquets d’abeilles/reines. Avec des quantités de sirop élevées (plus de 10 litres), le risque de résidus dans le miel est élevé ! (Guler, 2014)
Ce nourrissement de stimulation est donc adéquat en début de saison, mais peut l’être plus tard si une miellée est précédée d’une longue période (plus d’un mois) sans floraison.
Le nourrissement au miel est théoriquement idéal, cependant cette technique présente plusieurs inconvénients : le miel peut être le vecteur d’agents pathogènes, et notamment contenir des spores de loque américaine. Par ailleurs, sur le plan pratique, il peut favoriser le pillage à certaines périodes de l’année. Enfin, un tel nourrissement représente un coût non négligeable.
Entre la fin des miellées et l’hivernage
Comme il avait été indiqué dans la synthèse Parole d’apiculteur sur l’hivernage, il est important de bien évaluer les réserves de vos ruches avant l’hiver, en comptant les cadres de corps de ruche contenant des réserves. Cette estimation doit être réalisée pendant la visite d’hivernage, qui a généralement lieu sous nos climats entre le 15 et le 30 septembre.
Pouvreau (1981), reprenant les données de Beldame (1942), indique un besoin de 7 kg de miel par ruche entre début octobre et fin février : 2 kg/mois en octobre et février, et environ 1 kg/mois de novembre à janvier.
Cependant, il existe des différences entre les auteurs qui s’expliquent par la variabilité des conditions d’hivernage. On peut citer entre autres : la flore disponible (en automne et sortie d’hiver), la météorologie, le nombre d’abeilles dans les ruches (et la race d’abeilles éventuellement).
Le changement climatique actuel a pour conséquence une tendance de réchauffement des périodes automnales et hivernales, ce qui limite la période hors couvain (et implique donc plus de soins au couvain), et augmente l’activité des abeilles (grappe d’abeilles moins longtemps formée). Ces phénomènes augmentent l’activité des abeilles et la consommation d’énergie et de nourriture. Il faut donc en tenir compte et ajuster à la hausse le nourrissement hivernal (par rapport aux références citées plus haut).
En conclusion, nous pouvons généraliser et confirmer ce qui avait été indiqué dans la synthèse Parole d’apiculteur sur l’hivernage : une recommandation de 15 à 25 kg de réserves nécessaires pour l’hiver et le printemps : entre fin septembre et début mai.
Il est important ici de distinguer les périodes froides de celles qui le sont moins, et des objectifs en termes de population des colonies.
Si un apiculteur souhaite augmenter sa population d’abeilles avant l’hiver, il peut profiter d’une période de douceur avant le froid automnal et hivernal en apportant un sirop léger (50/50) qui aura pour effet de stimuler la ponte de la reine, et d’obtenir des colonies plus populeuses un mois plus tard.
Si la population est satisfaisante dans la ruche, ou si le nourrissement est réalisé tardivement, ou si la météo est incertaine, mieux vaut nourrir avec un sirop lourd (60/40 ou 70/30).
De manière générale, il convient mieux d’apporter majoritairement du sirop lourd (60/40 ou 70/30) en fin de saison, qui nécessitera moins de travail et d’énergie pour sa déshydratation et son stockage.
Les pratiques des apiculteurs sont assez diverses par rapport au candi. Globalement une majorité en utilise (dont 46 % entre 2 et 5 kg).
Le candi est l’aliment le plus adapté en cas de disette hivernale car il est placé directement à proximité de la grappe d’abeilles. Le candi présente aussi la caractéristique d’abaisser l’humidité de condensation qui se forme à l’intérieur de la ruche. Cette humidité provoque une dissolution du candi, qui va permettre sa consommation par les abeilles (pour rappel, leur appareil buccal est de type suceur). Nous pouvons considérer une consommation moyenne d’environ 1 kg de candi par mois.
Cette baisse de l’humidité est particulièrement intéressante en zones humides (zones pluvieuses, de brouillard, vents marins, orientation au Nord…) afin d’améliorer les conditions d’hivernage. L’excès d’humidité en hiver peut en effet favoriser le développement de moisissures. De plus, le candi est très rarement stocké dans les cadres. Il évite tout risque d’adultération de la première récolte de miel (en cas de surdosage de sirop et s’il en reste au printemps dans les corps de ruche).
Il est possible de se passer du candi, mais il faut faire attention à ce risque d’adultération du miel en début de saison (risque faible en général, mais plus élevé dans le cas des miellées précoces, romarin par exemple).
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