La pandémie de Covid-19 est omniprésente dans notre vie quotidienne depuis 2 ans. Bien que les humains aient toujours été exposés à des maladies et parasites les poussant à identifier des mesures pour se protéger, le coronavirus nous a rappelé certaines des stratégies évolutives les plus fondamentales afin d’atteindre cet objectif : la distanciation sociale est ainsi devenue une nouvelle norme face à la pandémie.
Pendant ce temps, les abeilles domestiques ont dû lutter contre leur propre pandémie mondiale pendant bien plus longtemps : L’acarien varroa (Varroa destructor) a commencé à infester les colonies d’abeilles domestiques occidentales il y a plusieurs décennies, au milieu du 20e siècle.
Les auteurs d’une récente publication scientifique ont décidé d’examiner de plus près les stratégies adoptées par les abeilles domestiques pour réduire la propagation du varroa dans les colonies, notamment par la mise en œuvre d’une stratégie de distanciation sociale. Les chercheurs se sont concentrés sur l’organisation spatiale des colonies (utilisation de l’espace) et sur les interactions sociales entre les abeilles. Ils ont donc placé des colonies traitées et non traitées dans des ruches d’observation, puis ont effectué des observations au niveau de la colonie dans son ensemble et au niveau individuel.
Les résultats de cette étude démontrent un changement dans l’utilisation de l’espace par les abeilles, notamment lors de la danse des butineuses. Les abeilles des colonies infestées par le varroa (non traitées) ont ainsi déplacé leurs danses de butinage vers la périphérie de la ruche, vers les cadres latéraux et plus près de l’entrée. Ce mouvement d’éloignement des zones centrales de la ruche dans les colonies infestées suggère une stratégie de réponse visant à minimiser le contact des abeilles butineuses, potentiellement infestées, avec la zone de couvain vulnérable de la colonie.
Le comportement d’épouillage collectif (un comportement social par lequel une abeille retire les particules étrangères et les parasites d’une autre abeille), s’est également produit plus fréquemment sur les cadres centraux (dans et autour de la zone de couvain) des colonies infestées, par rapport aux ruches non infestées. Cette concentration du comportement d’épouillage au cœur des colonies infestées vise à maintenir la zone de couvain propre et exempte de parasites, et à augmenter la distance entre les abeilles âgées (butineuses) et jeunes (nourrices).
Ces résultats offrent une nouvelle perspective sur les stratégies d’immunité organisationnelle dans les colonies, non connues jusqu’à présent. La distanciation sociale est clairement l’une des contre-stratégies utilisées par ces insectes sociaux complexes pour limiter la transmission du parasite au sein de la colonie.
Pour lire l’étude complète (en anglais) : Pusceddu, Michelina, et al. “Honey bees increase social distancing when facing the ectoparasite Varroa destructor.” Science advances 7.44 (2021): eabj1398.
VTP-79-FR-N01-01/22
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