Ces derniers temps, la propagation géographique de l’acarien parasite Tropilaelaps, originaire d’Asie, suscite une attention croissante. Longtemps connus comme parasites de Apis dorsata (l’abeille géante) et Apis laboriosa (l’abeille géante de l’Himalaya), ces acariens se révèlent désormais capables d’infester également les ruches d’Apis mellifera, l’abeille domestique occidentale. C’est le cas de deux des quatre espèces connues : T. clareae et T. mercedesae.
Non seulement les abeilles occidentales peuvent être infestées par Tropilaelaps, mais il est maintenant clair que ce parasite s’étend à des régions du monde où il était auparavant absent. Le premier cas confirmé de T. mercedesae a été signalé dans la région de Krasnodar, à l’ouest de la Russie, en 2021¹, puis en Géorgie en 2024². Depuis, une propagation vers l’ouest et le sud est jugée très probable¹.
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Alors que l’arrivée de Tropilaelaps en Europe centrale et occidentale, voire en Amérique du Nord, n’est plus qu’une question de temps, les chercheurs spécialisés dans les abeilles tentent de déterminer si certains des acaricides synthétiques couramment utilisés contre les varroas (Varroa destructor) pourraient également être efficaces contre ces nouveaux parasites.
Dans une publication récente de Gill et al. (2024), le niveau de résistance des acariens Tropilaelaps en Thaïlande a été évalué face aux quatre molécules synthétiques les plus utilisées pour traiter les colonies d’abeilles contre le varroa (Amitraz, Fluméthrine, Fluvalinate, Coumaphos).³
Les résultats indiquent que des résistances ont été détectées dans les populations de Tropilaelaps testées pour trois des quatre acaricides, tandis que l’amitraz est la seule molécule ayant montré un potentiel significatif pour réduire les infestations de Tropilaelaps, avec une efficacité de 64 %.³
Une étude antérieure menée en Afghanistan, où Tropilaelaps est également bien établi, avait déjà montré un fort potentiel de contrôle du parasite à l’aide de l’amitraz, en 2008.⁴ En testant un traitement commercial à base d’amitraz sous forme de lanières, cette étude avait observé une efficacité moyenne de 96,7 % contre Tropilaelaps dans les cinq colonies d’abeilles traitées – un résultat prometteur dans la recherche de substances actives capables de lutter contre ce parasite.
En revanche, une autre étude réalisée en 2017 dans le nord de la Thaïlande, utilisant la même application par lanières d’amitraz, n’a constaté aucun impact significatif sur la population d’acariens Tropilaelaps dans les colonies d’Apis mellifera testées.⁵ Il est important de noter que le traitement à l’amitraz n’a été appliqué qu’à des fins de test d’efficacité durant la saison des pluies, et qu’il n’a pas été inclus dans le second essai de terrain, mené pendant la saison sèche.⁵
Les facteurs environnementaux faisant partie des conditions expérimentales ne sont pas les seuls éléments susceptibles d’expliquer les différences de résultats entre les études évaluant l’efficacité des substances actives.
Lors d’une présentation récente à la conférence de l’ABF (American Beekeeping Federation), le Dr Jeff Pettis a présenté des données provenant de Corée du Sud, où le potentiel de différents acaricides pour le contrôle de Tropilaelaps a été testé.⁴
L’un des traitements testés était un traitement (gel à base d’amitraz) autorisé aux États-Unis pour le traitement contre les varroas. 45 jours après la première application, le pourcentage de cellules infestées (sur 200 cellules de couvain) a été mesuré pour chaque acaricide testé. Environ 5 cellules sur 200 étaient infestées dans le groupe traité à l’amitraz à la fin de l’expérience, contre plus de 50 sur 200 dans le groupe témoin non traité.
Le niveau d’infestation dans les colonies traitées à l’amitraz était significativement plus faible que dans les colonies témoins non traitées, ainsi que dans celles traitées avec des lanières à l’acide oxalique.⁶
Ces résultats suggèrent que l’amitraz pourrait être un candidat prometteur pour un contrôle efficace de Tropilaelaps à l’avenir. Toutefois, des données plus complètes sont encore nécessaires, notamment en testant différentes formulations et méthodes d’application de l’amitraz.
Crédits photo:
Denis Anderson, CSIRO
Project apis M
Auburn University
Réfèrences:
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